Laboratoire sur Refaites avec les compagnon·ne·s – Villa Gillet – Lyon – juin 2020

Entrée en matière

 

S’engager dans cinq journées de formation après deux mois de confinement, ce n’était pas un rendez-vous anodin, autant pour les comédiens et comédiennes compagnons du Geiq Théâtre que pour nous comme intervenantes de cette session de formation. Première rencontre entre ces acteurs et nous-mêmes : Marion Aeschlimann, Fabienne Swiatly et Anne de Boissy, l’équipe de création du  projet Refaites. Intimidant et réjouissant à la fois car il était bon de se remettre au travail concrètement et non par écran interposé.

L’axe de travail s’est bâti sur quelques-uns des mots clés puisés dans le spectacle en cours d’écriture Refaites : peau, comédie de l’âge, vocabulaire de la couture, liste d’émotions et de matières. Un axe qui a été exploré en insistant sur la nécessité d’explorer et de questionner sans être obnubilé par la finalité d’un texte ou d’une restitution au plateau.

Donc ce sont des outils de recherche que nous avons transmis aux neuf comédiens et comédiennes présentes.

D’abord l’outil écriture comme déclencheur de réflexion : une écriture qui se cherche à l’intérieur d’un carnet par exemple. Apprendre à noter, à lister, à s’emparer du collage, du dessin, de la photo pour creuser l’idée. L’écriture comme un espace de dialogue de soi à soi à l’intérieur des pages.

 

Puis nous avons confronté cette matière écrite (non finalisée) à d’autres matières dont celles de la couture : tissus, ciseaux, fils, ficelles, aiguilles .. . Coudre des mots, défaire le vocabulaire, démonter un propos, couper dans le texte, choisir la solidité d’un point arrière ou s’exalter sur une lisière en l’effilochant.

Le vocabulaire de la  couture se prête formidablement bien à l’écriture.

 

Nous avons été vigilantes à ce qu’ils et elles apprennent à ne pas brader le temps de la recherche. Tâtonnements. Retours en arrière. Mise en jeu, mise en voix, mise en corps. Reprendre ou délaisser. Approfondir ou contourner. Ouvrir des pistes pour en refermer d’autres. Choisir sans subir. Puis se ré-ancrer dans une recherche de sens.

Individuellement, ils et elles ont exploré, fabriqué du dire, du jouer en acceptant que la matière écrite puisse se modifier lors de la rencontre avec le jeu, que cette matière écrite puisse se nourrir de l’intrusion de nouvelles contraintes physiques.

Accepter, tout simplement, de malmener le texte produit pour repérer les clichés ou tester la force d’un propos.  Investir tous les espaces de la Villa Gillet pour  jouer et  garder la bonne distance avec la scène.

Désacraliser pour mieux œuvrer.

 

En fin de session, chacun et chacune a présenté une étape de cette recherche à l’ensemble du groupe dont la fonction était d’agir comme une chambre d’écho, sans jugement de valeur mais cherchant à nommer ce qui était vu et entendu pour offrir de nouvelles pistes de travail.

 

Travail collectif dans le respect des distances sanitaires. Individualisation de la recherche pour une mutualisation professionnelle. Inventer et fabriquer ensemble. Tellement nécessaire.

 

Refaites  – Juin 2019 – Premier laboratoire d’expérimentations – Création 2022 – En recherche de partenaires

 

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